
La boîte de Pandore
Cabaret d’avant-garde
Pour ses vingt ans, Le Cirque des Mirages nous offre une boîte de Pandore qui nous emmène dans son univers à la fois fantastique, drôle et inquiétant. Entre sublime et bizarrerie, l’interprétation de la galerie des personnages par Yanowski, soutenu par le piano aux mains de Fred Parker, est un pur régal. Toute la panoplie des cabarets du 19e siècle y passe : le suspense à la Edgar Allan Poe, la fantaisie baudelairienne, les cauchemars kafkaïens, les rencontres faustiennes et la verve provocatrice d’Aristide Bruant. Il y a du boniment et de l’insulte, du charme et des frissons, et on rit tout en sombrant avec eux dans leurs délires.
A-t-on besoin de rappeler que le cabaret de la fin du 19e siècle constituait le cénacle de l’avant-garde et de la résistance, que dans ce bouillant creuset, se tramaient les pires accouplements artistiques (poésie, chanson, musique, danse…), qu’ici on venait noyer à coup de cynisme et de textes grinçants et corrosifs la bonne morale des églises et
l’ignominie des états ? (…)
On comprendra dès lors, après un parallèle facile avec notre belle et joyeuse époque, que le cabaret expressionniste du Cirque des Mirages n’est pas un quelconque clin d’œil nostalgique aux spectateurs d’autrefois, mais plutôt une réponse violente, absolument moderne, tissée à coup de beauté, de poésie et de fantastique, à la puissance écrasante d’une société.
Yanowski
de et avec Yanowski (voix) /et Fred Parker (piano) / par Le Cirque des Mirages / mise en scène : Emmanuel Touchard