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Papiers rêvés

Cette exposition réunit des collages et assemblages de Marion Sellenet, réalisés entre 2013 et 2021, à partir de coupures de journaux et de papiers récupérés.

Ces saynètes de papier, au cœur desquelles la figure humaine demeure discrète ou mystérieuse, peuvent s’apparenter à des souvenirs ou à des jardins secrets. Sous forme de fragments, imposés par la photo originale du magazine ou volontairement tronqués, les présences humaines s’y racontent par leurs creux, leurs manques ou leurs regards insaisissables.

Ces collages sont le fruit d’un jeu d’improvisation et de hasard : feuilletage de journaux, sélection de morceaux de photos, puis association d’images jusqu’à ce qu’une composition s’impose rapidement, au moment où affleure une sensation, s’esquisse une ambiance, pour ne pas trop dire, seulement suggérer, effleurer.

Certaines des œuvres, construites comme des bas-reliefs au moyen de multi-plans, deviennent de petits théâtres de papier aux ombres délicates. Néanmoins, il se dégage une forte vivacité et efficacité dans les compositions, un aspect brut. La déchirure des papiers, les découpes franches, permettent de garder vivante la fragilité des matériaux et d’en célébrer les imperfections.

Couvertures de livres, feuilles de garde, cartons de couleur, anciens journaux et magazines, papiers en tout genre, salis, jaunis, à motifs… L’artiste entretient un goût pour les matériaux humbles et authentiques, leurs aspérités et leurs textures. Leurs couleurs, leurs grains, leurs encres, leur fragilité la touchent. Le papier glacé des temps actuels l’ennuie.

La série « Femmes d’intérieur » est plus prolixe que les autres œuvres et recourt à la qualité propre du collage : détourner les images de leur contexte initial. Sous des titre-légendes caustiques, les femmes rebelles de ces œuvres mènent une joyeuse révolution en retournant les situations qui les oppressent.
Cette série part d’un constat criant : bien que séduisante, l’iconographie des vieux magazines véhicule une image de la femme totalement passéiste, cantonnée alors à sa beauté physique et à son rôle de mère au foyer. Cette nécessaire prise de conscience vient poser pour l’artiste les limites de l’usage de ce matériau, dont elle s’éloigne alors peu à peu aujourd’hui.

Dans ces collages, elle intervient également avec quelques rares touches de peinture, et des ajouts de fil, coton, cordelette, points de couture, allumettes, dans la lignée des artistes qui l’ont longtemps inspirée : le dadaïste Kurt Schwitters et Robert Rauschenberg, deux artistes qui ont intégré dans leurs œuvres des objets de la vie quotidienne afin de les situer « dans l’intervalle entre l’art et la vie ».

  • Date(s) & Heure
    • Du Ven. 28 novembre 2025 au Ven. 12 décembre 2025
  • Lieu
  • Catégorie
    • Culture en réflexion
    • Expositions